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Île Maurice/ Le panel sur l’investissement en Afrique de l’ouest a dégagé des pistes de solutions intéressantes à exploiter
mars 21, 2024
Le 14 mars dernier à l’île Maurice, le débat organisé par le Members Business Network (MBN) Mauritius sur le thème “Investir en Afrique de l’Ouest” a tenu toutes ses promesses. En effet, la rencontre qui a été animée par Manisha…Load more
Le 14 mars dernier à l’île Maurice, le débat organisé par le Members Business Network (MBN) Mauritius sur le thème “Investir en Afrique de l’Ouest” a tenu toutes ses promesses.
En effet, la rencontre qui a été animée par Manisha Dookhony, présidente de MINDEX, comprenait Beryl Agyeiwaa Lomotey, ministre conseillé et Head of Chancery, Consulat général de la République du Ghana ; Ganessen Chinnapen, consultant du Economic Development Board pour l’Afrique ; John Félicité, Business Development Director Africa, d’Ocorian, et Sheik Mahamoodally, Group Finance Director d’Orezone Drilling. Environ 60 représentants des milieux financiers, commerciaux et diplomatiques de l’île Maurice ont pris par à ce débat.
Le débat a exploré de nombreuses pistes d’investissement notamment au Ghana où les secteurs de la santé, de l’énergie et de l’agriculture ont été identifiés comme secteurs clés pour l’investissement. D’emblée les atouts de l’île Maurice pour jouer un rôle croissant en tant que lien entre l’Afrique et l’Asie ont été soulignés.
Alors que la session a été ouverte par Jackie Demetriou, CEO de MBN Maurice, elle a insisté sur le fait que l’Afrique de l’Ouest est une région au potentiel énorme et à la diversité vibrante. Pour elle , il faut se concentrer sur comment exploiter le potentiel de l’Afrique de l’Ouest à partir de l’île Maurice, relever les défis et saisir les opportunités qui s’offrent.
Au cours de son intervention , Isabelle François Deputy Head of Global Business à AfrAsia Bank Ltd dont l’institution est sponsor de l’événement, a expliqué comment la banque pourrait offrir un soutien à ceux qui s’intéressent à l’Afrique de l’Ouest, compte tenu de leur capacité à effectuer des transactions dans plusieurs devises africaines. Elle a également présenté ses solutions dans le domaine de la banque d’entreprise, de la banque d’affaires et de la banque privée, entre autres.
Cette première rencontre sur l’investissement en Afrique de l’ouest à l’île Maurice a abordé quatre thèmes phares à savoir : explorer le paysage économique et d’investissement en Afrique de l’Ouest ; la contribution de l’île Maurice pour l’investissement à long terme et la création d’emploi; optimiser les opportunités commerciales dans la région et enfin renforcer l’engagement entre Maurice et l’Afrique.
Explorer le paysage économique et d’investissement en Afrique de l’Ouest
Ouvrant le débat, Manisha Dookhony, en tant que modératrice, a déclaré que lors de ses récentes visites en Afrique de l’Ouest, elle avait constaté un développement notable dans la région et que « lorsqu’un pays se développe, les autres se développent aussi ». Elle explique avoir été témoin de l’enthousiasme de la population, qui a adopté la technologie et effectue des paiements par voie numérique, et considère globalement que « les choses évoluent favorablement » dans la région de l’Afrique de l’Ouest.
S’exprimant sur les perspectives économiques et d’investissement au Ghana, Beryl Agyeiwaa Lomotey, ministre conseiller/Head of Chancery, Consulat général de la République du Ghana, a déclaré que le Ghana était l’un des meilleurs endroits pour faire des affaires et que « nous sommes la porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest. Nous pensons que lorsque votre entreprise prospère, le Ghana prospère également. Nous travaillons main dans la main avec les hommes d’affaires pour notre intérêt mutuel ». Elle a expliqué que le Ghana avait multiplié les mesures d’incitation, notamment les congés fiscaux et les zones économiques de transformation, les parcs industriels et les parcs technologiques. Elle a souligné que le Ghana est « le centre du monde” et le deuxième pays le plus pacifique d’Afrique. Elle a insisté sur le fait que “ce n’est pas un pays où un changement de gouvernement affecte vos affaires ».
Ganessen Chinnapen, consultant de l’Economic Development Board pour l’Afrique, a souligné que le volume des investissements sortants enregistrés en Afrique de l’Ouest depuis Maurice en 2023 s’élevait à 4 milliards de dollars américains, et il a noté que des stratégies spécifiques avaient été développées pour le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo. Il a indiqué que la Côte d’Ivoire était le premier pays pour l’intérêt des investisseurs mauriciens en 2023, avec un montant de 1,6 milliard d’USD d’investissements sortants dans des secteurs tels que l’agriculture, les produits halieutiques et les produits alimentaires de base. Il a noté que les acteurs du marché mauricien tels que Terra Group et IBL avaient « établi une véritable empreinte mauricienne sur la Côte d’Ivoire », tandis que Grit Group investissait également dans l’immobilier. Il a expliqué que l’EDB avait « des pipelines, des projets et des intérêts de la part des investisseurs potentiels pour ces marchés afin d’avoir un plan d’expansion en Afrique de l’Ouest », tandis que les investissements entrants à Maurice, qui comprennent environ 12 fonds souverains, démontrent « l’importance et la crédibilité de la CFI mauricienne ».
En ce qui concerne l’impact prévu de l’African Continental Free Trade Area (AfCFTA), il a déclaré que « nous nous appuyons sur le potentiel de l’AfCFTA qui fait de Maurice un centre d’investissement et un centre de commerce et d’investissement pour le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique ». Il a annoncé que l’EDB tiendra une discussion exploratoire complète sur l’AfCFTA le 17 mai, en présence de membres du Secrétariat de l’AfCFTA.
La contribution de Maurice pour l’investissement à long terme et la création d’emplois
John Félicité, Business Development Director Africa, Ocorian, a souligné l’importance de valoriser le fait que les entreprises mauriciennes investissent désormais en Afrique. « Cela changera leur regard sur les entreprises mauriciennes et sur Maurice, car nous ne nous contentons pas de l’utiliser comme une plateforme, mais nous nous impliquons réellement dans le jeu et réalisons des investissements à long terme pour créer des emplois sur le terrain, à l’intérieur et à l’extérieur du continent », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne les Conventions de Double Evitement Fiscal (CDI), John a noté qu’elles avaient perdu de leur importance, avec 53% de tous les investissements de l’Ile Maurice en Afrique allant dans des pays où il n’y a pas de CDI. “Bien que les CDI soient pertinents, elles ne sont pas aussi déterminantes qu’elles l’étaient auparavant”. Il a constaté que l’île Maurice était toujours utilisée comme plateforme ou conduit pour diverses raisons, telles que la mise en place d’une structure dans une juridiction neutre, la facilité des affaires ou les services bancaires tels que le financement du commerce, le financement de projets ou les opérations de change. Selon son expérience personnelle, John a également indiqué que l’île Maurice était utilisée comme source pour trouver des partenaires dans d’autres parties du monde.
Optimiser les opportunités commerciales dans la région
Fort de son expérience dans la région, Sheik Mahamoodally, Group Finance Director d’Orezone Drilling, a décrit l’Afrique de l’Ouest comme “une terre d’opportunités”, de l’exploitation minière à l’agriculture, en passant par la FinTech, la logistique et l’hôtellerie. Il a indiqué que le choix pour l’investisseur dépendrait du modèle d’affaires et du secteur, de l’entreprise et de la monnaie dans laquelle l’investisseur est plus à l’aise, ce qui pourrait inclure les pays où les banques se sentent à l’aise, comme le Sénégal. « En réalité, si vous investissez un dollar, qu’est-ce que la communauté obtiendra ? C’est ce qui est le plus important. Comment allez-vous protéger le pays ? Comment allez-vous contribuer au pays, à sa jeunesse, à ses progrès en matière d’infrastructures ou de développement routier ? » Il a donné l’exemple d’Orezone Drilling, dans l’industrie minière, qui a créé une école de formation au forage afin d’encourager les jeunes à s’engager dans ce secteur.
En ce qui concerne les élections à venir dans la région, Sheik a estimé que certaines industries étaient directement affectées par les changements politiques, comme l’exploitation minière, et d’autres non, comme l’agriculture. Selon lui, la question fondamentale à se poser lorsqu’on investit en Afrique de l’Ouest est la suivante : « Qu’êtes-vous disposé à risquer et où voulez-vous aller d’ici trois à cinq ans ? ». Il a également fait remarquer qu’il était possible d’investir en Afrique de l’Ouest par le biais d’une coentreprise ou en trouvant un partenaire local, et qu’il n’était pas forcément nécessaire de « dépenser des millions de dollars » pour investir.
Les discussions ont également porté sur les nouvelles possibilités d’investissement au Ghana dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et de l’énergie, sur la nécessité de former les jeunes en Afrique de l’Ouest pour les aider à développer leur capacité de production, sur le rôle que jouent les femmes entrepreneurs dans la gestion des risques au sein des économies africaines et sur les questions de succession d’entreprises au sein des familles africaines à la lumière du retour de la diaspora.
Renforcer l’engagement entre Maurice et l’Afrique
En termes de renforcer l’engagement entre Maurice et le continent africain, Ganessen Chinnapen a souligné que l’EDB était pleinement engagé dans sa stratégie africaine, ayant lancé quatre feuilles de route stratégiques, pour l’Afrique du Sud, de l’Ouest, de l’Est et du Nord, où le travail est en cours. Il a expliqué que l’EDB était en train de mettre en place une plateforme d’intelligence africaine, en tant que plateforme interactive en ligne, pour partager des informations sur les pays, le commerce et le marché entre Maurice et l’Afrique, qu’il a décrit comme « un point de référence clé pour les investisseurs potentiels entrants et sortants ».
En ce qui concerne les événements à venir, Ganessen a indiqué que l’EDB faciliterait une mission en Afrique du Sud en avril, qui coïnciderait avec la conférence de l’AVCA, et une mission de promotion des investissements et du commerce en Afrique de l’Ouest, couvrant le Ghana, le Sénégal, le Togo et la Côte d’Ivoire, en août. Cette année, plutôt que d’organiser une autre conférence sur le partenariat avec l’Afrique, l’EDB a décidé d’organiser la réunion des investisseurs Asie-Afrique 2024, qui devrait se tenir en septembre. Il a souligné que « l’objectif ultime est de mettre en relation les investisseurs, les groupes d’investisseurs et les coentreprises afin de créer l’écosystème nécessaire aux alliances stratégiques, voire aux partenariats public-privé, pour les investissements entrants et sortants ».
L’événement a été clôturé par Samantha Seewoosurrun, cofondatrice de Platform Africa, en remerciant la modératrice et les panélistes d’avoir partagé leurs idées sur la façon dont Maurice contribue à la croissance et à la création d’emplois en Afrique de l’Ouest et établit également un lien avec l’Asie en tant que plaque tournante pour les investissements. Elle a également souligné l’importance de la reconnaissance des femmes entrepreneurs en Afrique, qui jouent un rôle essentiel dans la construction des économies du continent.