Le décès du Pape François annoncera inévitablement l’élection d’un nouveau souverain pontife. Et pour la première fois dans l’histoire contemporaine de l’Église catholique, des cardinaux africains figurent parmi les prétendants sérieux au trône de Saint Pierre. Dès lors, une question…Load more

Le décès du Pape François annoncera inévitablement l’élection d’un nouveau souverain pontife. Et pour la première fois dans l’histoire contemporaine de l’Église catholique, des cardinaux africains figurent parmi les prétendants sérieux au trône de Saint Pierre.

Dès lors, une question fascinante se pose: Un Pape noir est-il aujourd’hui une réelle possibilité dans un monde catholique en pleine mutation ?

Cette perspective n’est pas le fruit du hasard.Durant son pontificat, le Pape François a clairement exprimé sa volonté d’internationaliser l’Église, de la rendre plus représentative de sa diversité mondiale.

De façon concrète, il a nommé de nombreux cardinaux issus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Aujourd’hui, plus de 40 % des cardinaux électeurs viennent de l’hémisphère Sud, un bouleversement silencieux mais historique.

François, en valorisant les périphéries du monde catholique, a pavé la voie à une Église moins eurocentrée, plus ouverte aux réalités sociales, économiques et culturelles de tous les continents. Parmi les cardinaux africains aujourd’hui considérés comme “papabili” (candidats crédibles au poste de pape), on trouve notamment Peter Turkson (Ghana), chancelier de l’Académie pontificale des sciences, toujours très actif sur les questions de justice sociale et d’écologie, Fridolin Ambongo (République Démocratique du Congo), archevêque de Kinshasa et président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM), et Dieudonné Nzapalainga (Centrafrique), archevêque de Bangui, très engagé dans la promotion de la paix et du dialogue interreligieux. Ces figures incarnent une Église tournée vers la justice sociale, la paix et la solidarité internationale, en phase avec les défis du XXIᵉ siècle.

Le catholicisme connaît aujourd’hui l’une de ses plus fortes croissances en Afrique, aussi bien en nombre de fidèles qu’en dynamisme des vocations religieuses. Pourtant, aucun pape noir n’a jamais siégé sur le trône de Saint Pierre dans l’ère contemporaine.

Historiquement, plusieurs papes d’origine nord-africaine ont existé, tels que Saint Victor Ier, Saint Miltiade ou encore Saint Gélase Ier. Mais ces figures vivaient dans un contexte bien différent, lorsque l’Afrique du Nord faisait partie intégrante de l’Empire romain. Pendant des siècles, la papauté est restée une institution européenne, dominée par l’Italie et ses réseaux traditionnels.

Malgré les avancées, des résistances subsistent. Certaines réticences culturelles dans certains milieux conservateurs au sein du Collège des cardinaux, notamment en Europe, pourraient hésiter à franchir ce pas historique. L’autre résistance concerne l’acceptation populaire : un pape noir ne serait pas accepté par toutes les franges du monde catholique, en particulier dans les sociétés les plus attachées aux traditions européennes.

L’élection d’un Pape noir est désormais une possibilité réelle, portée par la dynamique réformatrice du pontificat de François. Cependant, cette élection n’est pas encore assurée car les jeux d’influence, les équilibres régionaux et les mentalités profondes joueront un rôle clé.